«…Voyage précédent
Il n’y a plus le bruit des roulettes sur l’asphalte de ma rue, ici à La Carnia, car pour ce voyage j’ai pris un sac à dos. Easy Jet a réduit la taille des bagages cabine, et comme je ne prends toujours pas de bagage de soute, j’ai dû faire des pieds et des mains pour tout faire tenir dans un tout petit volume. Je ne transporte plus grand chose, à part mes ordinateurs et leurs chargeurs, mes agendas et quelques papiers. Mais c’est déjà beaucoup, car le sac est bourré et sa densité lui donne cette sensation de lourdeur, bien qu’il ne pèse que moins de 9 kg. Peut-être faudrait-il que je me décide à acheter un nouvel ordinateur, qui à lui seul pourrait remplacer tous les anciens.
Au petit déjeuner j’ai mangé le classique bol de riz, mais que aujourd’hui j’ai mangé froid, agrémenté d’un yaourt au coco. Ce n’est pas une bonne idée de faire des expérimentations gastronomiques lorsque l’on a une tâche à mener à bien. Mais je ne prends pas beaucoup de risques. Qu’y a-t-il de plus neutre que du riz et du yaourt? Je me suis fait aussi un café avec des gâteaux à la pâte d’amande, qui me restaient. Fermer l’appartement, pour plusieurs semaines, veut dire aussi vider les placards et le frigo des consommables entamés, pour ne pas les jeter… c’est ça le risque… Comme tous ces derniers temps, dehors il y a un grand vent. Alors avant de partir, j’ai balayé les feuilles mortes de mon figuier, de peur qu’elles n’aillent boucher l’évacuation d’eau de pluie devant la porte du garage, pendant mon absence… On l’a bien compris, je suis inquiet.
J’ai l’impression de me rendre à un examen pour obtenir un diplôme. Je serai bon pour le service, si à l’aéroport, mon bagage cabine sera aux bonnes dimensions et mon pass sanitaire sera valide. Ces jours derniers, j’ai passé un bon moment à mesurer de long en large mon sac à dos, au centimètre près et hier je suis allé à la pharmacie de Amaro pour subir un test antigénique, pour obtenir mon pass sanitaire, pour seulement 48 heures, pour pouvoir juste prendre l’avion.
Le test antigénique est celui rapide avec le résultat 20 minutes après. Seulement, 40 minutes plus tard, je n’avais toujours pas reçu le sms. Je suis retourné sous la tente, sur le parking derrière la pharmacie et on m’a dirigé vers une camionnette, où mon résultat était déjà arrivé. Négatif bien sûr, car je me demande même s’il y en a des positifs. Car un résultat positif, après une semaine de quarantaine, donne droit à un pass de guérison, valable 6 mois. Alors qu’un négatif est obligé de le refaire deux jours plus tard, s’il veut prolonger. Le but, non avoué, est de contraindre, ne l’oublions pas. Je connais des gens ici qui, pour travailler, font un test 3 fois par semaine. A’ 15€ le test, c’est un véritable budget. Je les ai tous félicités pour leurs actes de résistance.
Dans la camionnette, la fille ne peut pas imprimer le document car je ne possède pas de « tessera sanitaria », l’équivalent italien de la carte vitale. Encore un gratte papier qui a bien fait son travail, en ne prévoyant pas sur le masque d’écran, pour un document pourtant européen, qu’un italien puisse être résident étranger. Mais la fille connaît la combine et me réinscrit en tant que étranger… carrément ! Je renonce à polémiquer sur cette incongruité, et en attendant l’impression de mon « green pass », comme l’on dit ici, j’engage la conversation et la fille m’écoute avec attention. Je lui explique les tenants et les aboutissants de cette fausse crise sanitaire mondiale et mon étonnement face au manque de réaction de la population. Mais les choses peuvent changer du jour au lendemain et je conclue avec mon exemple de raccourci historique classique sur la révolution française : Le 13 juillet 1789, qui aurait pu imaginer que le 14, le peuple couperait la tête au roi.
Je me sens tellement libéré d’avoir ce papier en poche, que je pars en oubliant de payer et comme il est déjà midi, je ne reviendrai régler ma dette que dans l’après midi, avec mon cousin Luigino, que j’ai amené ensuite prendre l’apéro, sur la rotonde d’accès à l’autoroute, avec une vue dantesque sur le mont Amariana aux couleurs de feu, sous le soleil couchant. Si lui restera fidèle à son amer délayé avec de l’eau pétillante… pour ma part, moi je me suis laissé aller à manger un en-cas au « salame », saucisson local, que je n’ai plus goûté, pour des raisons diététiques, depuis des années, et que j’ai accompagné d’un verre de prosecco, comme si je fêtais quelque chose.
Luigino, qui me rend le service de venir voir mon appartement, de temps en temps, pendant que je ne serai pas là, aura une autre tâche, dont je dois lui parler, en plus du courrier. En effet depuis plus d’une semaine, mon Internet fixe est en panne et je jongle sur 2 wifi, l’un interne pour l’imprimante et le disque dur externe et l’autre externe à travers les 50 Go sur ma sim iliad, pour le web et le mail. L’opérateur Tim tarde à réparer et je pense demander un geste commercial pour ne pas payer les 50 € du mois, qui sont déjà exagérés pour le maigre débit servi, alors que dire lorsqu’il n’y a pas de débit du tout… Luigino devra me dire si la led verte sera revenue sur mon modem, dans les prochains jours…
J’ai beau préparer ce voyage depuis une semaine, il y a toujours des imprévus. Par exemple, j’avais sur ma liste de choses à faire avant de partir, la re-couture de la fermeture éclair de ma poche de pantalon noir d’hiver. Ce faisant, hier matin, je me suis rendu compte que dans un pli du bas de la poche, il y avait un trou caché qui s’agrandissait et que si je ne l’avais pas vu, j’aurai pu perdre mon téléphone portable. Hier soir, j’ai amené à ma cousine Graziella, mon décodeur dvb-t2 qu’elle m’avait demandé et qui n’allait pas me servir ces temps-ci, vu que je devais m’en aller. Je l’avais acheté il y a peu, car notre société consumériste avait soudain décidé de changer encore une fois le codage des transmissions de télévision et donc de pousser à l’achat d’un nouveau poste… A’ moins que ce ne soit pour libérer les fréquences destinées à la 5G pour l’Internet des objets, qui vont se transformer en autant de mouchards de nos activités quotidiennes…
Mais en arrivant sur place, chez ma cousine, je me suis rendu compte qu’elle n’en avait pas besoin, vu que sa tv était via antenne satellite. Pour que je ne sois pas venu pour rien, elle m’a demandé de l’aider à plier quelques nappes. Graziella fait des lessives tous les jours. Je l’aide toujours de bonne grâce, car cela me rappelle quand j’étais petit et que j’aidais ma mère à plier les draps. Il y avait là aussi les petits enfants de ma cousine. Tommaso, 1 an, qui me montre du doigt en bredouillant mon prénom et Ginevra 7 ans, qui regarde la tv en s’empiffrant de biscuits avant le dîner. Graziella n’a pas le temps de s’ennuyer…
Mais revenons à mon voyage et à ce matin. Je dois partir pour Paris, parce que je dois terminer la partie française de la succession de ma mère, et ceci avant la date anniversaire de sa disparition, fin décembre. Il y a un an, j’avais le temps, maintenant je ne l’ai plus. Arrivé à la gare de La Carnia, il y a une affichette à l’entrée. A’ partir du 15, à cause de l’entrée en vigueur du pass sanitaire pour pouvoir travailler, le service des trains sera perturbé. Preuve donc, que là aussi tout le monde n’est pas allé se faire piquer bien sagement… et qu’on se rebiffe. Mais le 15 je serai déjà loin, à Paris.
Le train pour Udine est un Micotra. Le trajet est juste marqué par un évènement banal. Un écolier qui n’a pas son titre de transport sur lui. Car dans un Micotra autrichien, il aurait dû savoir que l’on contrôle les billets. Je ne comprendrais que plus tard, lorsqu’on lui demandera d’épeler son nom, et à la prononciation du « x » comme un « g » en français, qu’il doit s’agir d’un albanais. Comme le contrôleur n’arrive pas à joindre Udine par téléphone, pour vérifier l’abonnement du passager, il va laisser tomber. A’ voir le calme du gamin, je me dis que ce ne doit pas être la première fois qu’il tente le coup. Moi je n’ai pas pris ce risque et j’ai présenté mon billet et le contrôleur, en le poinçonnant, a tiqué comme moi, en l’achetant, parce qu’il est en deux tickets… Sans doute le petit format du papier ne permet pas d’y inscrire tout ce qu’on a voulu y faire figurer…
Udine : La correspondance est serrée, comme souvent, mais je tente quand même de me prendre, debout, un café, en renonçant au lait, mais avec une tartelette à la crème. Je ne quitte pas l’horloge des yeux et, comme rarement je l’ai fait, je me rends au dernier moment sur le quai pour Venise, en poussant le luxe jusqu’à essayer plusieurs wagons, pour choisir celui qui me semble le moins bruyant. Je m’arrête dans un, où il n’y a que 3 femmes, pensant bien faire. Mauvais choix. Ce sera des bips à répétition et des coups de fils perpétuels. Je renonce à manifester outre mesure et je tente quand même de prendre mes notes. Les compagnies de transports, au lieu de faire leurs annonces ineptes pour le port du masque, devraient plutôt se préoccuper de la tranquillité du voyageur en créant par exemple des voitures jacasserie comme il y avait autrefois des voitures fumeur. Là oui, cela ferait oeuvre de santé publique…
J’échange des mails avec mon cousin Luca, qui par coïncidence, est lui aussi dans un train à Bologne en direction de Naples. C’est son premier déplacement après sa convalescence. Il se dit content et de profiter du voyage pour travailler sur son ordinateur. Je l’envie de savoir faire abstraction de ce brouillage parasite irrévérencieux, qui moi me débauche. J’envoie aussi des mails à Monika et Suzel pour leur conseiller aussi mon dernier écrit à Venise, mais je n’enregistre en retour, que des fins de non recevoir…
Venise… enfin. Il y a un bar à chaque extrémité de la gare. Non que je l’aie vraiment cherché, mais aujourd’hui il se trouve que je vais lansquiner dans un des bars et manger dans l’autre. Ce sera un panino salame, sandwich saucisson, comme hier avec Luigino. Faire un écart donne hélas souvent envie de recommencer. C’est toute la difficulté de suivre une diète saine. J’ajoute un coca. Mais maintenant je bois un coca moins d’une fois par mois. Je me dis que je boirais un café à l’aéroport. Je profite que je n’ai plus de valise à roulettes pour passer par le pont Calatrava, que je n’avais plus fréquenté depuis des années. Je l’ai retrouvé aussi bête que je l’avais laissé.
Arrivé au Piazzale Roma, j’ai le pouce gauche tout engourdi, mais une fois assis dans le bus, cela passe. Je remarque que le chauffeur me regarde avec insistance dans son rétroviseur intérieur. Alors que nous sommes déjà à la moitié du parcours, il finit par me faire un signe et je me rends compte que j’avais tout bonnement oublié de mettre mon masque papier. Je suis déçu de ne plus entendre la voix qui annonçait les dessertes et je suis donc de nouveau obligé, comme autrefois, d’ouvrir l’oeil. Arrivé à l’avant dernier arrêt, classiquement je descends pour continuer à pied. Et lorsque j’entre dans l’aéroport, j’ai de nouveau le pouce gauche engourdi. Je réalise alors que c’est la sangle de mon sac à dos, trop tendue, qui doit comprimer certainement un nerf sur l’épaule gauche et que, quand je pose mon sac, tout rentre dans l’ordre. Je vais donc veiller à porter mon sac, un peu plus à la main dorénavant.
Au contrôle des bagages je reprends mon rituel de tout mettre dans mon manteau pour passer les scanners l’esprit libre. Je prends 3 bacs. 1 pour mes 3 ordinateurs et tablette. 1 pour mon manteau aux poches bourrées et 1 pour mon sac à dos. L’ambiance est morose. Il y a très peu de passagers et beaucoup de magasins sont fermés. On a l’impression d’être dans un pays de l’Est, il y a 30 ans. Après un café et un krapfen crème à l’étage, je me place, debout, pour attendre mon vol à mon endroit stratégique central favori. Mais pourquoi, écrans et fauteuils ne sont-ils pas tous disposés les uns en face des autres?
Alors que je m’attendais à ce que la porte d’embarquement soit au sous-sol, à l’affichage, elle est indiquée juste à côté et je suis le premier sur place. Avant, les années précédentes, la file speedy boarding, c’est-à-dire ceux qui payent un peu plus pour embarquer en premier, était limitée à 2 ou 3 passagers pas plus. Maintenant, vue la longueur de la file d’attente prioritaire, cela doit représenter plus de la moitié de l’avion. Je me dis que peut-être, on leur a forcé la main, car ils avaient sans doute envie de garder leurs anciennes dimensions de valise de cabine, qui sont toujours autorisées pour eux…
Vient donc le moment crucial que j’attendais. Est-ce que je vais pouvoir embarquer sans problèmes ? Les hôtesses s’inquiètent de savoir si tous les passagers sont en règle en l’aboyant clairement : « Est ce que tout le monde a son green pass ? » Et tout le monde de le penser tellement fort qu’il me semble l’entendre : « Ouiiii » Et les hôtesses d’insister : « Alors sortez-le ! » Et tout le monde de l’arborer fièrement. Mais dans ce protocole qui semble bien huilé, je vais noter quelque chose d’hallucinant. Les hôtesses vont passer dans les rangs, regarder simplement les qr code et les valider comme si elles avaient des lasers dans les yeux… sans utiliser le moindre lecteur ou au moins contrôler les identités… rien. Je serais venu avec le qr code d’une autre personne, ou même périmé, je serais passé quand même. Seuls les codes barre des cartes d’embarquement sont passés sous la lumière rouge pour allumer la lumière verte.
Encore plus fort. Il y a là un type sur le côté qui paye une surtaxe pour son bagage qui ne correspond pas au prix de son billet. Et je crois bien l’entendre répondre à l’hôtesse qu’il n’a tout simplement pas de green pass et il me semble bien, qu’elle ne contrôle que son billet. Pour lui, il n’y aura même pas eu de mise en scène. Le pass n’est pas sanitaire, il est sursitaire. Quelqu’un d’autre s’est-il aperçu de cette divine comédie ?
Je me retrouve donc dans la queue qui s’est formée sur la passerelle, pour attendre que l’avion en rotation, se vide. Mon sac à dos est passé aussi avec moi et sans coup férir. Je suis soulagé, je vais enfin pouvoir me projeter sur la suite du voyage et les engagements qui m’attendent à Paris. Il y a là un tout petit gamin lilliputien qui fait des caprices, qui hurle et qui court de toutes parts, au grand désespoir des autres passagers que j’entends marmonner dans mon dos. Inversant les académismes, le père, taillé comme un rugbymen, joue à l’enfant en obéissant à son fils, pendant que sa femme, fluette, se démène avec la poussette dans une main et la lourde valise dans l’autre.
Le mini bagage cabine, c’est pour mettre sous le siège devant soi et libérer la place pour les privilégiés, dans les portes bagages au-dessus des têtes, qui avant, étaient toujours pleins. Mais quand j’arrive dans l’avion, après les speedy boarding donc, les portes bagages sont quasiment vides, alors j’y mets mon sac à dos, car je note que de toute façon, personne ne vérifie. Je pourrais ainsi étendre mes jambes sous le siège devant moi. L’embarquement se poursuit et l’avion est quand même plein. Avant la fermeture des portes, je jette un dernier coup d’oeil sur mes mails. Il y a 3 mails de Monika, l’amie qui me rend le service de venir voir mon appartement parisien quand je suis absent et que Suzel rechigne à passer. Elle me met au courant des dernières restrictions de liberté envisagées par le gouvernement et qu’il sera difficile que l’on se voit parce que son travail d’interprète lui prend même ses week-ends.
Je suis côté couloir. J’abaisse ma tablette, et je me mets à poursuivre l’écriture de mes notes de voyage. Je range et ressors mon papier et mon stylo plusieurs fois lorsque des détails à coucher sur le papier me reviennent en mémoire. Je remarque que cette fois-ci c’est le pouce droit qui s’est engourdi. Sans doute à vouloir trop serrer le bic pour écrire. Mon petit bout de feuille de papier à du donner des idées à mon couple voisin, car ils se sont mis à jouer au jeu du bac, semble-t-il. En effet ils ont chacun une feuille avec des colonnes et ils disent souvent « moi aussi » lorsqu’ils corrigent. Je n’ai pas joué à ce jeu depuis le collège. Mais pourquoi ne pourrait-on pas jouer à 3… éventuellement avec une app en réseau bluetooth sur les portables… J’aurais dit oui.
Lorsque l’avion atterrit à Roissy, il fait nuit déjà depuis le décollage de Venise. Encore sanglé dans mon siège, un doute me traverse l’esprit. Est-ce que par hasard, le contrôle du green pass ne va-t-il pas avoir lieu ici en France ? De par le passé, mes avions en provenance d’Italie ont souvent été débarqués dans des portes dérobées où la police des frontières a même contrôlé les passeports, malgré les accords de Schengen. Je m’attends donc à tout. Mais là non, même pas, et à peine descendus de l’avion, on se retrouve dans le hall général des bagages. Preuve que le gouvernement a plus peur des migrants que du covid. A’ méditer pour les gobe-vaccins…
Je suis dans l’aérogare 2B, celle qui est apparemment maintenant désignée pour Easy Jet et je marche vers les trains pour Paris. Je n’ai toujours pas compris pourquoi je n’ai pas de billet sur moi, car j’avais pris l’habitude d’en acheter deux quand je quittais Paris, pour ne pas avoir à faire la queue aux machines au retour. Mais il y a tellement de temps qui s’écoule maintenant entre deux allers et retours en avion que je ne me souviens plus très bien du précédent, comme lorsque je prenais un vol tous les mois. Sur les quais des trains, il y a encore des travaux, et ce n’est pas nouveau, et les tableaux des dessertes sont éteints. D’ailleurs il y aura carrément interruption du trafic pour le jour où je vais repartir, qui sera un dimanche, et je devrais peut-être devoir trouver quelqu’un pour m’amener à l’aéroport.
J’ai la nette impression qu’il fait plus froid ici qu’en Italie. Bien sûr, je me dis qu’ici on est bien plus au Nord. Ce qui ne m’empêche pas de voir qu’il y a là, un africain en short, alors que moi j’ai un manteau boutonné jusqu’au cou. Mais comment fait-il ? Renseignements pris auprès des agents sur le quai, le prochain train dessert toutes les gares. Je le prends. Gare du Nord, une bonne femme monte et s’exclame « Ça pue ! » Et je ne remarque pas tout de suite qu’elle ne porte pas de masque comme tout le monde. Et bien voilà peut-être à quoi le masque pourrait bien lui servir…
Je descends au Châtelet et je retrouve la rue du Louvre. En arrivant, je me dirige vers le local courrier. Je tire la porte juste au moment où quelqu’un en sort. Arrivé à la porte des escaliers, je la pousse juste au moment où, de nouveau, quelqu’un en sort. Je me dis que j’espère qu’il ne va pas m’arriver la même chose lorsque je vais me présenter à la porte de mon appartement ! Non. Une fois rentré, la destinée va me réserver une autre mésaventure inattendue. La chaudière à gaz ne démarre pas. Nous sommes à la veille d’un jour férié et puis d’un pont. Je me demande quand est-ce que le dépanneur pourra venir…
Je me rassure en me disant que ça ne peut pas être pire que chez ma mère dans la grande maison du Prat di Toni à La Carnia, la première fois où je suis venu retrouver mes parents en hiver. Ma mère ne chauffait que la cuisine, un peu et ne chauffait pas du tout les chambres. Je me souviens que je claquais littéralement des dents dans les draps glacés. Oui, comme dans un dessin animé, c’était irrépressible.
Il m’est déjà arrivé, que ce soit ici à Paris ou à La Carnia, de trouver l’appartement, en hiver, avec une température de 12°. C’est très froid, et il faut 3 jours pour que le chauffage tempère les murs gelés. Mais ce soir, malgré les 6° dehors, il fait 16° à l’intérieur. Peut-être parce que la voisine du dessous, pour une fois, n’est pas partie en vacances et qu’elle chauffe… Je m’en veux d’avoir procrastiné, pendant des années, l’achat d’un radiateur électrique. Heureusement que j’ai un ballon d’eau chaude, que je laisse toujours allumé, à cause du système anti-calcaire et je me prendrai une douche bouillante, tout à l’heure, avant d’aller me coucher. Je sors mes ordinateurs du sac à dos pour envoyer quelques mails en français et italien pour signaler que je suis bien arrivé. Mais je sais que pendant plusieurs jours, je vais être à la merci de la météo et que cela va être difficile d’écrire dans le froid.