Lettre ouverte à Justine
Gilles (ton père) vient de m’envoyer, par mail, un lien vers un road movie,
qui plus est, n’est pas le sien.
J’ai juste lu la première ligne et la dernière
non pas que je trouve que ce ne soit pas une bonne histoire
et ça l’est même, je pense
mais franchement… la moto c’est vraiment un truc de mecs
une caricature de la masculinité…
n’est ce pas Justine?
Quoique !
Cela me rappelle une autre histoire
que je m’en vais te narrer
Ma mère avait l’habitude d’écouter « Menie Grégoire » à la radio
lorsqu’elle cousait et reprisait les vêtements
Menie Grégoire
pour ceux qui ne connaissent pas
suivez mon regard… Justine
c’était une émission de radio
dans les années 70
où des gens appelaient pour raconter leurs déboires
et recevoir la bonne parole
de la présentatrice… Menie Grégoire
Un peu l’ancêtre
de l’entretient en mode intime
à la Mireille Dumas
Un jour ma mère m’appelle
pour que je tourne la manivelle de la machine à coudre.
Et non, on n’avait pas l’électricité
enfin oui, mais pas pour la machine à coudre.
Pour ceux qui se posent encore des questions
le pied de la machine était resté en Italie.
Bref, donc je tourne la manivelle
et par la force des choses
j’écoute aussi la radio
C’est une jeune fille qui appelle.
Enfin pour moi à l’époque
c’est plutôt une grande,
plus âgée que moi, quoi.
Classique,
elle se plaint de son copain
qui, accessoirement est motard
et qui lui rend la vie impossible
comme peuvent le faire tous les boutonneux
à peine sortis de l’oeuf.
Rien de bien extraordinaire
mais à l’époque, ça l’était.
Et je te rentre dans les détails.
Et on se fait des virées en moto.
Et on s’envoie en l’air.
Mais pour la fille
il y a visiblement quelque chose qui ne va pas.
Bref, après avoir longtemps tourné autour du pot
comme moi avec ma manivelle du reste
Menie Grégoire fini par lâcher son diagnostique
que même moi, à mon âge
j’avais deviné depuis belle lurette.
Et bien… mes chers enfants
comment dire…
vous n’êtes pas faits pour vivre ensemble.
Avez-vous envisagé de vous séparer?
Et là, la fille a cette phrase
que même 40 ans après
je n’oublierais jamais…
« Oui… mais… et la moto? »
Voilà, c’est dit !
en matière de sexe de substitution
y a pas que les garçons