Petzi et la baleine

petzi 100Je suis en train de me promener sur les quais de Seine, en ce 1er septembre 2017, lorsque soudain, je note quelque chose d’incroyable sur l’étalage d’un bouquiniste, rive gauche. Je fais souvent cette promenade qui consiste à traverser la Seine pour aller m’asseoir au jardin du Luxembourg, puis au retour, de revenir retraverser le fleuve par un autre chemin. Je jette, bien sûr au passage, un coup d’oeil distrait, sur le contenu de ces grosses caisses de bois de couleur verte, accrochées aux murets de pierre sur les berges. En soi, juste la vue de ce bazar hétéroclite, est un spectacle séduisant. Secrètement j’espère toujours tomber sur un objet, non pas de valeur, mais qui me parle. Et ce que j’entends par là, c’est qu’il me parle de mon passé. Les objets les plus ordinaires que j’ai pu acheter dans des brocantes sont des vieilles bandes dessinées de mon enfance. Mais là, je ne m’attendais pas du tout à ce que ce soit une si vieille bande dessinée. Je viens à peine de traverser la rue, et au premier étalage, je m’arrête net. Je m’approche pour voir de plus près ce livret cartonné accroché avec des pinces à linge sur un fil en travers de la boîte du bouquiniste. Je mesure ma chance qu’il ait été mis, comme cela, en devanture car autrement je serais passé sans le voir.

Cette couverture, je la reconnais immédiatement. Et pourtant cette image, cela doit bien faire bien plus de cinquante ans que je ne l’ai pas vue. Dans quelle partie profonde de mon cerveau était-elle enterrée, pour que, il y a à peine une seconde je n’en sache plus rien, et maintenant qu’elle est revenue à la surface, aussi familière, aussi chargée d’émotions, elle délivre son flot de souvenirs qui lui sont attachés.

C’est un livret pour enfants. Quand j’étais petit, chez ma mère, les jouets et les livres étaient une chose rare et le peu qu’il y avait, peuplait notre quotidien durant des années et des années. Nous n’avions pas trop le choix, que de tourner et retourner dans les mains, ces objets, toujours les mêmes, jusqu’à en apprendre chaque détails, aussi futiles soient-ils. Puis usés jusqu’à la corde, ils étaient jetés. Ma mère jetait tout ce qui était trop abîmé pour être réparé ou pour être donné. Et ces jouets et ces livres continuaient juste à vivre dans ma tête, par la force des choses…

Le bouquiniste a bien vu mon ébahissement et il s’approche. J’ai bien conscience que maintenant cela va être compliqué de négocier un prix et que je vais devoir accepter ce qu’il va me demander. Car j’ai bien entendu l’intention de l’acheter. Impossible de laisser passer une telle occasion. Ce sera sans doute maintenant, le plus vieil artefact dans ma collection d’antiquités de mon passé. Mais avant cela, bien sûr, il faut y jeter un coup d’oeil. Je lui montre donc du doigt le livret et je lui demande si je peux le consulter, surtout que je viens de me rendre compte qu’il est sous cellophane. Il le décroche, le déballe et me le tend .

Je regarde incrédule, ce dessin et ces couleurs des années soixante et j’en relis encore une fois le titre: « Petzi et la baleine ». Je le prends en main comme une relique. Il a bien l’air d’époque. Je vais tout de suite voir la date de parution. Je lis 1958. J’ai dû avoir un exemplaire de ce livret, entre les doigts, au tout début des années 60. La couverture représente une baleine, qui dans l’imaginaire des enfants, ressemble plus à un cachalot, en fait, et qui sourit, avec sur son dos, les protagonistes de l’histoire.

Je détailles la tête et la bouche de la baleine et je m’aperçois que je retrouve imprimés dans ma mémoire tous ces traits, toutes ces courbes, pour la bonne et simple raison que j’ai dû, sans aucun doute, les décalquer, pour un travail en classe ou même pour le plaisir. C’était une des occupations principales des enfants de ma génération. Décalquer. La photocopie n’existait pas comme on l’entend aujourd’hui. Décalquer était le seul moyen facile de reproduire un dessin, pour ensuite le colorier par exemple…

Mais le papier calque, même s’il devait certainement exister, moi, en tout cas à l’époque, je n’en avais jamais vu. En fait ma mère conservait soigneusement l’emballage semi transparent du jambon, que nous achetions sur le marché, pour que nous puissions jouer avec… jouer à décalquer. Chaque feuille était défroissée le plus possible, utilisée et réutilisée, les formes étaient imbriquées, superposées et la feuille n’était jetée que lorsque, usée, elle se déchirait à force de crayonner le verso pour reproduire le dessin.

Evidemment sur la couverture que j’ai dans les mains en 2017, il n’y a pas de traces appuyées sur les traits du dessin, qui n’a donc pas été décalqué, puisque cet exemplaire n’est pas le mien. Tenant le livret débout par la tranche, je commence à le feuilleter religieusement. Et c’est incroyable comme je reconnais chaque page, chaque case de la bande dessinée. Je scanne complètement tout le livret le soir même. Vous en trouverez une copie ici plus bas, que vous pourrez lire plus tard à loisir, car je vous propose maintenant de m’accompagner juste sur quelques cases emblématiques…



3 cases
La forme de la bande dessinée est quelque peu surannée, même pour l’époque, où les bulles existaient déjà, mais ces dessins ressemblent plus à des images d’Épinal, avec ces dialogues qui sont écrits en dessous du dessin. Seule originalité, la tête du personnage est rajoutée, pour indiquer qui parle… Il y a Petzi, le petit ours, le héros semble-t-il, et ses faire-valoir, Riki le pélican, Pingo le pingouin, l’Amiral le phoque et Caroline la petite tortue. Deux choses sur cette tortue. Le nom d’abord. Je l’avais oublié, mais je comprends maintenant d’où venait le nom de la tortue terrestre que ma mère nous avait acheté, comme animal de compagnie. Gamins, nous n’avions pas fait preuve de beaucoup d’imagination pour lui trouver un nom. Et puis regardez bien… ce personnage ne vous en rappelle-il pas un autre, qu’il a sans doute peut-être inspiré d’ailleurs ? Cette histoire parallèle, au coin de l’image, avec ici le gag des cartes de la réussite qui finissent à la mer, à cause du tangage du bateau, ne vous fait-elle pas irrésistiblement penser, que cette petite tortue serait le parent de la petite coccinelle de Gotlib ?



4 cases
Les images dépouillées, les couleurs vives, sont la caractéristique des livrets pour enfants. Les détails rajoutés sont très pratiques pour servir de support lorsque un parent doit raconter l’histoire à un tout petit, en attirant son attention et en augmentant grandement le temps passé sur chaque case. Mais nous, il me semble bien que nous savions déjà lire ou alors, c’est que nous avons gardé ce livret assez longtemps pour que je me souvienne des textes. Car il y a ici cette réplique, qui nous a longtemps accompagné dans nos jeux et qui ne doit, sans doute, exister que dans la version française. Au passage, je viens d’apprendre sur Internet, que la série Petzi est d’origine danoise, grand classique du genre là-bas, qu’elle a été rééditée jusqu’à aujourd’hui et qu’on trouve même des albums neufs à la fnac.

Lisez bien. Petzi fait ce jeu de mot calamiteux : « [le moteur s’est arrêté parce que] c’est le ventilateur qui a soufflé les bougies » Bien sûr, à l’époque, et nous n’avions même pas de voiture, je n’avais pas compris. Je me souviens bien que c’est notre frère Alberto, de 6 ans notre aîné, à moi et mon petit frère, qui nous avait expliqué l’allusion. J’ai toujours été assez ingénu pour poser des questions innocentes, comme le jour où, entendant la tondeuse à gazon du gardien de la cité, qui pétaradait sur l’immense pelouse de la résidence, j’ai demandé à mon frère Alberto, si c’était ça que l’on appelait un moteur à explosion. Evidemment, il a éclaté de rire. Mais j’ai aussi appris depuis, que celui qui n’ose pas poser de questions reste, malheureusement pour lui, seulement dans la croyance de son savoir… Tout le monde sait évidemment qu’il n’y a rien de mieux que de comprendre ses expériences de jeunesse pour se construire sa vie d’adulte.

Alors maintenant, si vous voulez revenir en arrière de cinquante ans, et vous mettre dans la tête d’un gosse des années ’60, cliquez pour télécharger le .pdf ici : Petzi et la baleine


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Friul Found


Fri-ul AA chaque fois que je sors de Carnia pour prendre la nationale vers Venzone, au croisement je fais bien attention à laisser passer toutes les voitures pour ne pas être embêté dans la longue ligne droite par quelque inconséquent qui viendra à coup sûr tenter un dépassement, même impossible. Je ne sais pas pourquoi, mais aujourd’hui je n’ai pas observé cette règle pour ma tranquillité et je me suis glissé tout de suite dans la circulation, avec prudence cela va de soi, mais sans attendre outre mesure.

La dernière voiture que j’ai laissé passer et qui est donc devant moi maintenant, ne va pas très vite. Contrairement aux agités qui sévissent par ici, le conducteur n’a pas l’air pressé et donc même à mon allure résolument respectueuse des limites de vitesse, je fini par le rattraper tout doucement à la fin de la ligne droite en arrivant à Portis Vecchio. Curieusement personne ne m’a doublé et je suis donc dans le sillage de ce qui m’apparaît maintenant comme une Mercedes immatriculée en Allemagne…

Cette plaque, mon esprit commence à la considérer de façon diffuse au fur et à mesure que je me rapproche, jusqu’à ce que les lettres prennent forme, et que je constate, que par le plus pur des hasards elle sont dans l’ordre pour former un mot que j’ai du mal à croire là, écrit sous mes yeux. En plus je ne devrais même pas me trouver ici, car j’ai procrastiné tout l’après midi avant de me décider à aller faire des courses à Gemona. Et donc je mesure ma chance d’être là, témoin de cette coïncidence peu ordinaire.

Je m’en veux, tout de suite, de pas avoir pris mon appareil photo avec moi. Ces derniers mois je me suis blasé de prendre des photos pour oui ou pour un non artistique. Reste mon portable que je sors alors que nous abordons le S de Venzone. A’ tâtons dans les menus j’essaye de me garder une preuve de l’advenu. Je ne peux pas rouler trop près, il me faudrait un arrêt. Et c’est ce qui arrive au premier feu rouge de Gemona. Ca y est… j’ai la photo !

Je me demande si le conducteur de cette Mercedes a conscience qu’il est en train de rouler avec le nom de la région qu’il est train de traverser, écrit en toutes lettres sur sa voiture. Car sur cette plaque il y a, ni plus ni moins, écrit… FRIUL en frioulan! En fait FRI-UL. Cette combinaison de lettres n’est malheureusement pas possible sur une plaque italienne. Je pense à Fribourg en Forêt Noire. Mais non, ce serait FR, comme je le saurais en allant satisfaire ma curiosité plus tard sur Internet et découvrirais que pour FRI il s’agit en fait de l’arrondissement de Frise sur la mer du Nord.

Cet allemand se rend donc de la mer du Nord à la mer Méditerranée à la recherche de soleil, sans doute. D’une mer à l’autre, quel voyage symbolique. Mais je ne vais pas le suivre, comme ça, jusqu’à la plage et au deuxième feu de Gemona, avec le prétexte de tourner à gauche, j’en profite pour changer de file et côtoyer sa voiture un court instant en lui jetant un regard en coin. Je crois deviner qu’il a la tête sympathique de l’inspecteur Derrick mais avec d’épais cheveux blanc. Je le laisse partir.

Reste la deuxième partie de la plaque, qui est aussi, à sa façon, un clin d’œil. 404. C’est le fameux code « Not Found » à savoir « Pas trouvé » de Internet. Et là, pour le coup, c’est tout le contraire… Si je n’avais pas tergiversé pour prendre le volant, si je ne m’étais pas glissé tout de suite dans la circulation, si la voiture devant moi n’avait pas roulé lentement… je n’aurais jamais croisé son chemin… et je n’aurais jamais trouvé cette plaque… Mais oui ! Friul Found !

3 juillet 2017

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Paris 1900


Je viens de rentrer de Paris. Le 8 mars 2017, je récupère les trois cartes postales Paris 1900 que j’ai envoyé à ma mère ici en Italie, pour qu’elle ait de la lecture pour les jours où je n’aurais pas téléphoné. Une image, même avec peu de ligne écrites, peuvent tenir compagnie, parfois même plus qu’un coup de fil.

J’en avais achetées trois. Celles qui me plaisaient de part leurs détails. Et une fois rentré à la maison, je leur ai choisi un ordre pour raconter une histoire. En italien bien sûr. Puis je les avais envoyées tous les deux ou trois jours.


Paris 1900 1-3

Février 2017. Sur les Champs Elysées sans se
presser. Aucune voiture. Seulement des chevaux.
Mais tellement de poussière. Au fond, l’Arc
de Triomphe. Paris, il y a un siècle.



Paris 1900 2-3

Février 2017. La Seine comme un voile.
Notre Dame rincée par la pluie. Peu de voitures
dans les rues, presque vides. Les gens sont à pied.



Paris 1900 3-3

Février 2017. Arrivent les voitures et
c’est sans aucun doute plus encombré, ici sur
l’avenue de l’Opera. Nous allons entrer dans
la modernité. Est-ce un bien ou un mal ?



J’avais choisi ces cartes parce qu’elles étaient grandes, en noir en blanc et qu’elle parlaient du passé. Un passé dans lequel ma mère a vécu et duquel on ne peut pas dire qu’il soit moins bien que notre présent.

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Tutta Carnia è in Francia

Cartello Carnia
Tutta Carnia è in Francia…

… o almeno nelle lettere.

Stiamo tornando a casa dopo uno dei nostri girettini con il mio cugino Luigino per bersi un caffè e gli sto parlando della Francia, mentre mi sta dicendo di mettere la freccia, perché proprio in quel momento passiamo davanti al cartello stradale, al inizio de rive di palpeluuq dove è indicato Carnia, qui a sinistra per entrare nel paese.

E li’ mi salta in mente una cosa della quale non mi ero mai accorto prima. Tutte le lettere della parola “carnia” sono nella parola “francia”. Tranne la lettera ”f”, che è un po’ il simbolo della Francia. La si ritrova per esempio sulle targhe delle macchine.

In tutti i paesi del mondo il nome di France è scritto almeno con la “F” initiale… in tutti? No… c’è n’è uno che stranamente non lo fà. E la Finlandia. In finnico, France si dice Ranska. Dov’è finita le ‘F”? Forse volevano riservarsela come iniziale di Finlandia…No… perché in Finnico, Finlandia si dice… Suomi.

Ma Carnia, al inizio, si chiamava Stazione per la Carnia, perché il luogo si riduceva ad una stazione ferroviaria che permetteva la corrispondenza per andare su verso le montagne della Carnia. Poi il luogo si è chiamato Stazione di Carnia ed è con questa appellazione che continuo sempre a riferirlo, ma in friulano: Štasion di Cjarnje.

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Le chaton à moteur

Aujourd’hui, mercredi 9 novembre 2016, je suis allé faire une randonnée dans la montagne ici autour de Tugliezzo, sans doute pour me vider la tête après cette étrange soirée d’élections d’hier, qui a vu l’Amérique se trumper inexplicablement. Et en rentrant je descends ranger à la cave, mes affaires de trekking. A’ peine la porte poussée, je suis surpris d’entendre le miaulement assourdi d’un chat. C’est un miaulement éthéré, que j’ai du mal à localiser. En tout cas le chat n’est pas là et cela semble plutôt provenir de l’autre coté du mur où il y a le garage de mon voisin du dessus.

Intrigué, je fais le tour par la porte basculante pour voir que celle du voisin est levée et que le capot moteur de sa voiture est levé aussi. Moi, je gare ma voiture dans la pente, ce qui me permet d’utiliser la place dans mon garage pour autre chose. Mais lui, il fait comme tout le monde ici. Il utilise son garage pour mettre sa voiture à l’abri à l’intérieur. Pour moi, c’est de la place perdue. Alors que je suis là, à tendre l’oreille, mon voisin fini par sortir en épluchant distraitement une orange. Je lui demande s’il entend ce miaulement qui semble venir de nulle part. Lui, il a plutôt l’air entendu de celui qui sait et du menton il m’indique sa voiture. Cela fait une heure qu’il attend qu’un chaton qui s’est réfugié dans son moteur veuille bien en sortir !

C’est en rentrant de Venzone qu’il a entendu des miaulements en descendant de voiture. Il a donc transporté jusqu’ici, sans le savoir, un petit chaton dans son moteur. J’ai du mal à réaliser la situation et je regarde instinctivement sous sa voiture en essayant de repérer l’animal à la provenance de son cri. Mais non, c’est par le haut qu’on peut le voir. Le coffre moteur de son Alfa Roméo est très large mais bien rempli et c’est dans ses entrailles que mon voisin, avec une lampe de poche, me montre le petit chaton gris qui nous regarde au miaulant. Lorsqu’il essaye de l’atteindre, le chat se déplace et se trouve instantanément un autre endroit plus sûr.

J’engage la conversation. Comment l’animal en est-il arrivé là ? Est-ce que c’est la mère du petit chaton qui l’ai caché là lorsque la voiture était garée à Venzone, ou alors est-ce que c’est un chaton à peine sevré parti à la découverte du monde, par cette journée glaciale et qui a trouvé un endroit douillet avec ce moteur tout chaud ? En tout cas la cachette est risquée. Comment a-t-il fait pour ne pas être happé par la courroie du ventilateur, par exemple, quand le moteur tourne et que la voiture roule. Mais mon voisin ne semble pas inquiet pour la santé du chaton. Il voudrait juste pouvoir utiliser sa voiture en toute liberté. Pour le dérider, il me vient à l’idée de lui souffler qu’il a un petit tigre dans son moteur, mais je n’arrive pas à placer ce clin d’oeil dans la conversation.

Je continue la réflexion à haute voix. Comment déloger la petite boule de poils ? Peut-être a-t-il faim ? Peut être qu’un morceau de fromage ou un bout de saucisson le pousserait à sortir ? Tout à mon attention à lui trouver des solutions, je propose à mon voisin d’appeler une personne qui prétend s’y connaître en animaux. Je pense à ma cousine Alice qui est justement là, à la Carnia, pour quelques jours. Mais il décline la proposition. Bien sûr il n’a pas du tout envie d’avoir à démonter son moteur pour cela. Est-ce que le chaton va quitter de lui-même son habitacle et sortir du garage ? Il fait mine de vouloir remonter chez lui et il me dit qu’il va laisser la porte basculante ouverte.

Je laisse mon voisin à ses conjectures et je remonte me prendre une douche car je dois aller voir ma cousine Graziella pour lui ramener un ustensile de cuisine qu’elle m’avait prêté. En redescendant, je me demande si je dois prendre ma voiture, parce que chez Graziella c’est tout près d’ici, mais ensuite je pourrais en profiter pour aller boire un café à Venzone, pour méditer comme je le fais souvent, au milieu des vieilles pierres. Tiens… la porte basculante du voisin est fermée. Il a du, d’une façon ou d’une autre avoir régler son problème. Je suis content pour lui, mais tout d’un coup j’entends encore une fois le miaulement. Le chaton n’a pas du aller bien loin et doit être quelque part là, dans la nature, mais je ne le vois pas.

Je monte dans ma Panda et je m’arrête devant chez Graziella. Au moment de descendre je vois passer en coup de vent devant moi, mon cousin Renzo car j’ai vu sa Smart garée en bataille sur sa rampe aménagée. Je vais pour le saluer lorsque j’entends fort et distinctement… un miaulement. Oh non… je crois hélas comprendre. Je vais lever mon capot moteur et le chaton est là, miaulant sur la batterie, mais en un clin d’œil il se glisse hors de portée entre les tuyauteries.

J’attrape mon appareil photo et je prend un cliché au cas où on ne me croirait pas et je descends voir Graziella, qui habite en contrebas de la rue, en laissant mon capot levé. En remontant, le chaton semble être parti. Le moteur de la Panda est bien plus petit que celui de l’Alfa et j’en ai vite fait le tour du regard. Soulagé, je referme mon moteur et je m’apprête à repartir lorsque… j’entends encore un miaulement ! Mais d’où vient-il ? Pas de ma voiture. Je redescends et je fais quelques pas, l’oreille aux aguets. Oh non… Il est dans la Smart !

Je ne veux pas, moi, me sauver comme un voleur et je me mets en quête de Renzo. Je sonne chez Giuliana, où il devrait être, mais ça ne répond pas. Je repasse donc chez Graziella qui appelle Renzo. Je me demande s’il va prendre au sérieux le message lorsqu’il va l’interroger. « Tu as un chat dans ton moteur » Je saurais, plus tard, que Renzo ne m’a pas écouté, et qu’il est rentré chez lui, à Casarsa, sans s’occuper du chat dans son moteur, mais que l’animal y est quand même arrivé sain et sauf. Mais dans quel moteur de voiture est-il maintenant ? Car, après tout, je ne l’ai jamais vu mettre une patte par terre, ce chaton. Si cela se trouve il était déjà dans un moteur a Venzone, avant de passer dans celui de l’Alfa. C’est sa façon de voyager. C’est sa vie. C’est un chaton à moteur

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Friul sous la Canopée


Friul sous la Canopee 1Arrivé à Paris, je découvre que le passage sous la Canopée est enfin ouvert depuis peu. Cela va devenir une de mes promenades digestives les plus courues dans mon quartier des Halles. Et à propos de manger, il y a là maintenant un restaurant dont les prix à la carte affichée dehors en doivent faire fuir plus d’un. En tout cas, je suis un de ceux-là. Malgré tout, le restaurant est bien achalandé. Non, pas qu’il soit bien pourvu, car la décoration y est austère et en faux-luxe, mais il est souvent bien rempli de clients attablés qui ne doivent pas avoir peur de croquer… tout leurs salaires.

Pendant plusieurs jours, je passe donc tout droit. Puis un jour, ce matin du 2 juin 2016, mon regard flânant est attiré par quelque chose de familier qui siège là, à l’intérieur, derrière les tables. Ma première intention est de passer mon chemin comme d’habitude, mais la curiosité est trop forte. Est-ce que ce que je crois voir est vraiment ce que je pense? Je fais demi tour et rompant avec mon vœux de ne jamais y entrer, je pousse la porte de cette anti-taverne. Bien sûr je suis tout de suite dévisagé par un serveur planté à l’entrée. Non, merci, je ne viens pas pour une collation… je… je voudrais juste jeter un coup d’œil sur… comment dire… sur ce que vous avez là au fond de la salle. Bien sûr… on m’en prie. Mais j’en suis d’ores et déjà assez proche pour avoir compris de quoi il s’agit.

Tout en continuant d’avancer, je m’assure auprès du personnel, qui au demeurant est fort serviable, que je peux prendre des photos. Mais ce n’est que lorsque j’aurais le nez sur la chose que je pourrais y lire dans un coin la signature que je cherchais: Solari Udine. Oui, c’est bien un grand panneau d’horaires de train, sans aucun doute en provenance de la Gare de Lyon qui, à plein mur, donne là maintenant le menu du jour. Ce lieu que j’avais tout fait pour éviter auparavant, me devient là tout à coup fort sympathique. Et je ne manquerai pas dans les mois qui suivront de le faire visiter en faisant faire un détour aux personnes qui m’accompagneront dans le quartier, pour leur raconter l’histoire.

Avant le tout informatique et les écran plats, il y avait l’électromécanique. Et ce panneau Solari en était une merveille. Je l’ai toujours connu à la Gare de Lyon avec son cliquetis caractéristique qui rappelle celui d’une machine à écrire. Peut-être était-il déjà là quand j’y ai débarqué encore tout-petit, en 1957, en provenance du Friul. Car cette entreprise du nom de Solari, est une entreprise du Friul qui fabrique ce panneau… qui fabriquait plutôt, car comme c’est le cas même à Igny par exemple aujourd’hui, Solari continue à faire des panneaux d’horaires de trains, mais sur des écrans plats pour sacrifier au tout informatique. Et tout cela n’a évidemment pas le même charme que cette belle mécanique avant-gardiste surannée qui trône là devant moi dans ce restaurant qui vient d’ouvrir… Oui, oui… je peux donc dire qu’il y a donc bien un peu de Friul sous la Canopée.

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Gjas


Letere vierte a Line

I vevi metuut fuur il naas pal barqon par viodi če qe vevin qei gjas qe no le finivin plui di njaulaa, e qun la code dal vooli i ai vioduut qe de bande de too štale e ere une surižute qul fasolet sul cjaaf…

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Sdrucciola


Lettera aperta a Lina

E’ la parola che mi è venuta in mente adesso. La trovo carina. E’ adatta a te. Sei una persona sdrucciola. Sfiori l’aria come il volo di un uccellino da un posto ad un altro senza mai soffermarti… Ma almeno gli uccellini, ogni tanto, si fanno vedere…

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Il Barelin


il barelin
Aujourd’hui 6 mars 2016 c’est une journée à marquer d’une pierre blanche, parce que j’ai ramené quelque chose qui me manquait vraiment pour être un vrai frioulan. Et cette chose c’est une carriole, un barelin en frioulan. Une caisse en bois et deux roues de bicyclette ; Voilà le barelin. Avec ça on peut transporter de tout, juste à la force des bras. Moi, depuis que je suis tout petit, j’ai toujours vu cet engin faire partie du paysage ici au Frioul. Chargé de foin ou de sable, poussé à la main ou même tiré en bicyclette, c’était au quotidien.

Mais en plus, celui-ci n’est pas n’importe quel barelin. Je l’ai acheté à la veuve de Pieri, le cousin germain de mon père. L’occasion s’est présentée juste avant mon départ à Paris il y a presque deux mois. Elle débarrassait son sous-sol et j’ai eu la chance qu’on me souffle le tuyau. Je l’ai bien entendu payé tout de suite, mais laissé sur place car, sur le moment, je ne savais pas où le mettre. A Paris, j’y ai réfléchi et j’ai trouvé que sous les escaliers de l’entrée était l’endroit idéal, au moins en attendant. Il est ainsi protégé de la pluie, mais il est dehors. Pour cela j’avais préparé de quoi l’attacher, comme on le ferait d’un vélo, pour éviter une main baladeuse. Je suis content du résultat. Je dois juste ajouter un système pratique, que j’ai déjà en tête, pour lui soulever les roues du sol en cas d’immobilisation prolongée.

Ce barelin va bien me servir, mais c’est une relique. Il a été fait, bien avant ma naissance, par mon oncle Tin, le frère de mon père, dont on dit qu’il serait même l’inventeur de système utilisant de simples roues de vélo à la place des anciennes roues en bois. Mon oncle Tin était réparateur de vélo. Je suis maintenant très fier de posséder l’engin. Bien sûr il y en a plus d’un encore en circulation, mais en quatre ans que je suis là très souvent dans l’année, même en en ayant repérés quelques-uns, je n’avais jamais réussi à faire affaire.

Qu’est ce que je vais faire avec ? Déjà, transporter sur le luuq, mon terrain, les huisseries de récupération qui traînent devant la maison, mais ensuite, tout ce qui est transportable et trop lourd pour être porté à la main, comme mon projet de récupérer des galets dans le lit du torrent de la Fella pour faire des sols empierrés, que l’on appelle qugulaat en frioulan et que l’on trouvait dans toutes les cours de toutes les maisons autrefois avant le tremblement de terre et que moi je veux essayer de transformer en mosaïques romaines sur le luuq justement, pour faire des allées pour passer à pied les jours de pluie. Voilà, le barelin c’est le couteau suisse du frioulan.

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Diarama Alice

Lettre ouverte à Alice

Aujourd’hui, juste avant mon départ pour La Carnia demain, je t’ai envoyé une lettre par la poste, depuis Paris, vers l’Allemagne. Une lettre en Pular, que j’ai voulu comme une carte de vœux pour 2016. Cela faisant longtemps que cette idée me trottait dans la tête. T’envoyer une lettre en Pular, pour que, passé le premier moment de surprise, tu demandes à ton ami de la traduire. J’espère seulement que le Pular Guinéen n’est pas trop différent du Pular Sénégalais… Ne pas oublier de cliquer sur le drapeau Guinéen…

Voici donc cette lettre

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